Jaune violet orange jaune rouge bleu orange vert
des coups de pinceaux tracés à l’arrache, la main hésitante
le trait est peu sûr, un peu tremblant et ça donne
des couleurs mises au hasard, contre l’ennui, contre l’attente
l’attente d’une meilleure période, d’une meilleure santé
d’une vie moins compressée par les horaires de train
d’un emploi du temps un peu moins contraint
comment peut-on employer le temps
comment employer ce qu’on n’a pas et nous échappe sans cesse
bleu orange jaune violet jaune violent
de la violence des jours qui nous claquent entre les doigts
sans qu’on puisse y laisser notre propre trace
alors les traits de peinture, les traits de couleurs
se réapproprier notre main, notre corps, notre vue
trouver les couleurs là où il n’y en avait plus,
dans l’attente d’un cerveau fonctionnel, d’une parole libérée
les mots nous échappent, nous sommes trop faibles
mais il nous reste les couleurs, sur les feuilles, débordées
une faim de vie, une faim de jaune, une faim pour l’art
étrange comme le décoratif devient vital, l’oisif essentiel
c’est toujours dans la violence, c’est à l’art qu’on se rappelle
les mots nous échappent, trop d’informations et pas assez de place
pour la première fois les mots ne suffisent plus
mais le concentré de couleur se recrée à l’infini, s’efface et se repasse
sans qu’on n’y perde rien, sauf du temps déjà perdu.
(avril 2019)